Pour l’enfant, il est tout à fait naturel de vouloir imiter, se déguiser, ressembler à son papa ou à sa maman. C’est sa façon de s’exprimer et d’apprendre.
Le jeune enfant imite les gestes de l’adulte pour se familiariser avec son environnement. Ainsi, l’enfant apprendra différemment selon ses codes sociaux et culturels : piquer sa viande avec une fourchette ou l’attraper avec des baguettes.
Il existe trois modes d’apprentissage chez le jeune enfant : l’expérimentation, l’observation et l’imitation. L’enfant les utilise tous les trois et développe l’un en particulier. L’imitation permet à l’enfant de tâtonner en observant l’adulte et de reproduire de nombreuses fois le geste pour mieux s’exercer. Peu lui importe de réussir à faire pareil, l’essentiel est de s’entraîner.
Dès la naissance, l’enfant a la capacité d’imiter. On le remarque lorsqu’un adulte tire la langue et que l’enfant reproduit. Le tout-petit utilise ici ses « neurones-miroirs. »
Les « neurones-miroirs » sont les neurones du cerveau qui sont activés lorsque l’enfant observe l’adulte et agit comme lui.
Pour se nourrir seul, par exemple, l’enfant utilise sa capacité d’imitation comme s’il avait un miroir face à lui. Pendant le repas, lorsque l’adulte ouvre sa bouche en approchant la cuillère vers l’enfant, le bébé ouvre lui aussi la bouche. Ces premiers échanges d’imitation entre un adulte et un tout-petit sont essentiels à la communication.
Les jeux d'imitation
A travers ses jeux d’imitation (dinettes, déguisement, mallette de docteur, poupons…) l’enfant reproduit des évènements de la vie courante.
Il développe sa motricité fine par la manipulation de nombreux objets : ouvrir les boutons du manteau de la poupée, touiller le sucre dans le café, visser-dévisser. Ces jeux permettent à l’enfant de vivre et revivre les actions quotidiennes de manière ludique.
Naturellement, l’enfant imite ses pairs et les autres enfants. Pour soutenir cette capacité d’imitation et favoriser les jeux relationnels, les enfants peuvent être installés face à face sur de petites tables. Cet aménagement et cette position enrichit les expérimentations du tout-petit par la faculté de manipuler et de jouer. Les meubles tels que les dinettes ou les tables sont positionnés au centre de la pièce pour faciliter les échanges et les déplacements des enfants.
Dans les jeux d’imitation, l’enfant va aller plus loin qu’une simple reproduction de gestes et de comportements, il fait jouer un rôle à son personnage ou à ses objets et commence à inventer un scénario, seul, puis avec ses pairs. L’enfant rejoue des scènes vécues, ressenties ou observées : c’est ce que l’on appelle les jeux symboliques.
Ces jeux vont permettre à l’enfant d’exprimer un trop plein émotionnel. En revivant une situation, l’enfant exprime l’émotion ressentie à ce moment-là. Par exemple, un enfant arrive à la crèche avec sa maman. Sur le chemin, ils ont eu un petit accrochage en voiture. Les jours suivants, ce petit garçon a beaucoup joué avec les petites voitures sur le tapis-circuit ; il les faisait cogner violemment entres elles.
Se déguiser est un jeu du quotidien. Imiter sa maman avec des talons, mettre des bottes comme le jardinier… quel enfant ne l’a jamais fait ?
En crèche, nous mettons à disposition différentes corbeilles d’accessoires que les enfants peuvent enfiler seuls (des chaussures à talons, de grands tissus, de grosses lunettes, des chapeaux, foulards, tabliers, bottes de pluie, sac à dos, à main…) afin qu’ils puissent se transformer comme ils le souhaitent.
Un miroir est nécessaire pour que l’enfant se regarde de la tête au pied. Il découvre et comprend l’image de son corps (son ventre est posé sur ses deux jambes !). L’enfant l’illustrera par la suite lorsqu’il dessinera des bonhommes.
Plutôt qu’un déguisement de princesse, pirate ou pompier, il est préférable de proposer à l’enfant des objets tels qu’un grand tissu qui pourra devenir voile de princesse ou cape de super-héros. Cela développe d’avantage l’imagination des tout-petits. Copier un modèle plus précis (le déguisement de la Reine des Neiges ou de Batman) sera développé à l’école où l’identification sociale sera plus importante.
Et le maquillage ? Dessiner sur le visage d’un tout-petit peut le troubler, il perçoit peu ce qui lui arrive. Maquiller une fleur sur sa main est plus perceptible. Lui donner la palette de maquillage devant un miroir lui permettra de jouer par lui-même à sa propre transformation. S’ils sont « trop » transformés l’enfant perd ses repères. Observez les tout-petits devant l’auxiliaire déguisée en fantôme ou devant le père-noël. Le tout-petit comprend peu le sens du déguisement.