Toutes les études récentes le montrent, le langage est déterminant dans le développement global de l’enfant et est le support de ses apprentissages futurs.
Dès la naissance, le bébé est doué de compétences spécifiques pour acquérir le langage, compétences qui diminueront peu à peu, le cerveau se configurant différemment pour aborder d’autres apprentissages. Alors ne ratons pas cette porte ouverte et donnons à l’enfant toutes les chances de développer un langage riche et varié !
A l’origine : le plaisir de communiquer
Le tout-petit est un être social ; il dispose donc dès la naissance de moyens de rentrer en relation avec l’adulte (notamment la mère) pour exprimer ses besoins : les pleurs, les cris, les sourires mais aussi le tonus du corps qui permet d’exprimer ses états émotionnels (arc bouté quand l’enfant est en colère, relaxé lorsqu’il est en confiance…).
Les réponses de l’adulte, ses gestes, ses propositions et paroles font comprendre à l’enfant que l’adulte écoute et ajuste son comportement au sien. C’est un dialogue qui commence à s’instaurer… Spontanément l’adulte verbalise ses actions, accompagne de mots les soins apportés à l’enfant, décrit les évènements et l’environnement. L’enfant alors, dans un désir d’interagir avec lui, va s’appliquer à acquérir également le langage. C’est le désir et le plaisir de communiquer, la qualité de la relation avec les humains qui l’entourent qui est moteur de cet apprentissage.
Des capacités innées
L’apprentissage du langage commence dès le dernier trimestre de la grossesse, au moment où le bébé perçoit les sons de son environnement et la voix de sa mère. Le dernier mois, le développement de son cerveau permet la mémorisation de ce qu’il entend. Il est ainsi capable de reconnaître, dès la naissance, la voix de sa mère parmi d’autres.
Le bébé a également la capacité de discriminer les sons de sa langue de ceux des langues étrangères. Les expériences montrent que lorsqu’une personne lui parle anglais et que l’autre lui parle français et qu’on lui fait entendre une seule de ces deux langues, il se tourne spontanément vers la personne qui parle la langue qu’il entend. Ces expériences ont été menées avec des langues très proches (espagnol et catalan) ; dans cette situation le bébé présente cette même faculté de discrimination. Et pourtant il la perdra à 8 mois environ, lorsqu’il se sera spécialisé dans sa langue maternelle ! En revanche, si on maintient dans son environnement une personne qui lui parle une langue étrangère, il gardera cette faculté de discrimination, indispensable dans le bilinguisme.
Les expériences apportent aussi la preuve que l’apprentissage se fait dans une relation humaine et individuelle : une personne qui parle aux enfants, via un écran ou des discours audio, n’a aucun impact sur le développement du langage de l’enfant.
Pour apprendre à parler, il faut voir !
On a observé que le regard des bébés entre 0 et 4 mois se fixe essentiellement sur les yeux de l’adulte qui lui fait face.
Entre 5 et 12 mois, ce sont ses lèvres qui attirent le regard du bébé lorsqu’il lui parle. Celui-ci observe les mouvements des lèvres attentivement pour les reproduire.
Au-delà de 1 an, le regard se portera de nouveau vers les yeux. L’imitation est donc une faculté clé pour l’apprentissage de la langue.
Très tôt, le tout petit, dès 2-3 mois, lorsque la mère lui parle en face, dans une interaction attentive et bienveillante, émet des sons qui répondent à ceux émis par elle. Il imite, maladroitement certes, mais ce sont les prémices du langage qui prennent racine dans ce dialogue. Parler face à son bébé, lui laisser le temps de répondre, favorise l’acquisition du langage… Le babillage, qui apparaît vers 4-6 mois, est une étape de développement qui permet au bébé de s’entraîner à produire des « phonèmes » et à positionner sa langue pour finalement produire des mots.
Parler à l’enfant pour qu’il parle
Lorsque l’enfant a acquis cette capacité à former les mots, il faut acquérir celle de repérer les mots dans une phrase. C’est par les paroles qui lui sont adressées que va s’installer le langage. Poser des questions en apportant la réponse dans un premier temps, raconter ce qui se passe autour de l’enfant, nommer les objets, les faire disparaître puis réapparaître, autant d’occasions de créer de la communication. Lors de ces échanges, le vocabulaire employé doit être celui des adultes, nul besoin de simplifier les mots ou de les infantiliser ; l’enfant acquerra ainsi d’emblée un langage adapté et riche. L’utilisation des pronoms « je », « tu », « ton » est aussi indispensable pour qu’il apprenne à les manier.
Le plaisir des activités partagées
Toutes les situations de la vie quotidienne peuvent être prétexte à échanger, faire entendre et découvrir de nouveaux mots à l’enfant. Si le plaisir accompagne ces moments, et c’est souvent le cas lorsque le parent lui porte attention, l’apprentissage est facilité et renforcé. Raconter des histoires à l’enfant, outre enrichir son vocabulaire, le familiarise avec la structure d’une histoire (début, déroulé, fin, conjugaison…) et lui donne les repères nécessaires pour raconter lui-même un récit. Comptines, jeux de mots, jeux sonores (reconnaître des bruits affine son oreille et l’aide à discriminer les sons comme [p] et [b] par exemple) permet aux enfants de jouer avec les mots, de les répéter pour mieux les intégrer !
N’oublions pas que le bébé est compétent pour apprendre à parler et que le rôle des adultes est de nourrir son envie d’apprendre en l’exposant au langage sous toutes ses formes !