Mon enfant griffe et mord : que faire ?

Il n’y a rien de plus déroutant que de voir son enfant mordre, griffer, ou frapper, que ce soit à la maison ou à la crèche. Ces comportements peuvent susciter chez vous des émotions fortes : embarras, inquiétude, parfois même de la culpabilité. Pourtant, rassurez-vous : ils sont tout à fait courants chez les jeunes enfants. Ces gestes, bien que perturbants, sont rarement mal intentionnés et ne présagent rien de l’avenir.

En réalité, ils font partie d’une étape normale du développement du jeune enfant. Et oui, tout à fait normal que la crèche soit le lieu des griffures, morsures et « tirages » de cheveux. Voyons pourquoi ces comportements surviennent et comment y répondre de manière constructive et bienveillante.

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Pourquoi les jeunes enfants mordent et griffent-ils ?

Un comportement dit « agressif » est une caractéristique développementale fréquente chez les enfants, particulièrement entre 1 et 3 ans. Comme l’a démontré le chercheur canadien Richard Tremblay, cette période de la petite enfance est celle où l’agressivité est la plus marquée. Les gestes impulsifs, tels que mordre ou griffer, reflètent souvent une incapacité à gérer des émotions fortes ou à exprimer un besoin autrement.

Chez les tout-petits, plusieurs raisons peuvent expliquer ces comportements :
•    L’exploration émotionnelle : les enfants vivent des émotions intenses (colère, frustration, excitation) qu’ils ne savent pas encore verbaliser. Mordre ou griffer devient alors une manière d’exprimer ces émotions
•    Le besoin de défendre leur territoire : les disputes autour d’un jouet ou d’un espace peuvent déclencher des griffures ou des morsures.
•    Un besoin d’attention : lorsqu’un enfant ne se sent pas assez porté par le regard de l’adulte, il peut utiliser des gestes agressifs pour obtenir une réaction, même négative.
•    La fatigue ou le stress : un enfant qui manque de sommeil ou qui est submergé par un environnement bruyant peut être plus susceptible d’agir de manière impulsive.
•    Le développement sensoriel : la bouche est un outil d’exploration puissant chez les jeunes enfants. Mordre peut répondre à un besoin sensoriel ou de stimulation.
•    Une immaturité de l’empathie : avant 4/5 ans, les capacités d’empathie sont encore en construction. L’enfant ne comprend pas toujours l’impact de ses gestes sur les autres. Et, chez le tout petit, l’autre n’est pas encore « incarné », il est objet, l’enfant acquière petit à petit la notion de l’autre et les interactions qui vont avec !

Ces comportements, bien que fréquents, sont le signe que l’enfant apprend encore à réguler et maîtriser ses émotions et ses réactions. Ils ne veulent surtout pas dire qu’il est méchant ou un futur délinquant !

Comment réagir de manière constructive 

Face à ces comportements, il est essentiel de répondre avec calme et bienveillance. La manière dont vous intervenez peut soit désamorcer la situation, soit renforcer l’agressivité. 

Voici 4 étapes pour accompagner votre enfant :

1.Intervenir immédiatement et calmement

Lorsque votre enfant mord ou griffe, interrompez l’action immédiatement en disant d’un ton ferme : « Non, tu ne peux pas mordre. Ça fait mal. » ou « c’est interdit. »
Montrez que vous ne tolérez pas le geste tout en restant maître de vos émotions. Votre calme aide l’enfant à comprendre qu’il peut se sentir en sécurité, même dans une situation tendue. Il peut ainsi rester concentré sur le sens de votre message, sans être trop submergé par les émotions (les siennes et les vôtres).

2.Valider ses émotions sans excuser le comportement

Vous pouvez exprimer à votre enfant que vous observez ou devinez son ressenti. Vous pouvez lui dire par exemple « Peut-être es-tu en colère parce que Paul a pris ton jouet, mais on n’a pas le droit de griffer. ». Ne pas affirmer : Peut-être es-tu en colère … ? Cette validation l’aide à se sentir compris tout en intégrant que certains gestes ne sont pas acceptables.

3.Proposer une alternative

Votre enfant est trop petit pouvoir s’autoréguler et varier ses comportements. Il aura tendance à se laisser guider par son impulsivité et prendre le chemin le plus court (direct vers le bras du copain). Montrez alors à votre enfant qui est en âge de verbaliser une autre manière de gérer ses frustrations : « Si tu es en colère, tu peux dire : « je ne suis pas content ! » ou « Si tu veux ce jouet, demande à Paul de te le prêter en tendant ta main comme ça ». N’hésitez pas à mimer la scène ou même à la rejouer avec l’enfant. Les enfants apprennent par imitation. Leur proposer des comportements alternatifs les guide dans leurs interactions futures. Il faudra bien sûr répéter encore et encore ces alternatives, pour qu’elles finissent par devenir elles aussi des automatismes. 

4.Enseigner la réparation

Même très jeune, encouragez votre enfant à réparer le mal causé. Dire "pardon" n’aura pas encore beaucoup de sens pour lui (il va le dire par convention), mais il est toujours intéressant de le lui enseigner. Il faut surtout lui permettre de réparer et de rester quelqu’un de bien. Vous pouvez le guider dans ce sens : « Tu as fait mal à Camille. Dis-lui pardon et voyons comment tu peux l’aider à se sentir mieux. ». Même si l’enfant est encore petit, ce rituel lui enseigne l’importance de prendre soin des autres. Ne pas obliger l’enfant et surtout éviter de proposer un câlin : ni lui, ni l’autre enfant n’en a forcément envie !

Prévenir les morsures et griffures

Pour éviter que ces comportements ne se répètent, il peut être utile d’observer votre enfant et d’adopter une attitude pro-active face à l’agressivité.  

Identifier les déclencheurs

Observez les moments où votre enfant devient agressif : est-il fatigué ou affamé ? Est-il frustré par un jouet ou un autre enfant ? A-t-il besoin d’espace ? 
Anticiper ces déclencheurs vous permet d’ajuster son environnement (pauses régulières, routines calmes) pour limiter ses frustrations ou ses énervements. 

Renforcer les comportements positifs

Au lieu de réagir uniquement aux gestes agressifs, valorisez les bons comportements. Quand vous observez que votre enfant à bien gérer la situation avec des mots par exemple (plutôt que des coups), vous pouvez lui par exemple « Bravo, tu as demandé ce jouet gentiment ! ». 
Cette attention positive encourage l’enfant à répéter ces actions adaptées. Il s’agit ici « d’arroser les fleurs et pas les mauvaises herbes », de lui indiquer ce qui est socialement adapté.

Favoriser l’expression des émotions

Apprenez à votre enfant à reconnaître et nommer ses émotions. Les livres, les jeux, ou des tableaux d’émotions peuvent aider. Nous avons la chance d’avoir une littérature Jeunesse très riche pédagogiquement ; n’hésitez pas à en abuser. 

Proposer des exutoires

Si votre enfant a besoin de canaliser ses frustrations, offrez-lui des alternatives comme serrer fort un coussin, puis le relâcher, déchirer du papier ou même courir. Ces solutions l’aident à libérer ses émotions sans blesser les autres.

Quand faut-il s’inquiéter ?

Bien que ces comportements soient souvent passagers, certains signes méritent une attention particulière :
•    Si l’agressivité s’intensifie ou devient systématique.
•    Si votre enfant ne parvient pas à interagir autrement.
•    Si vous observez des difficultés d’adaptation à son environnement (crèche, maison).

Dans ces cas, il peut être utile de consulter un professionnel de la petite enfance. Celui-ci pourra vous accompagner pour comprendre l’origine de ces comportements et développer des stratégies adaptées.

En conclusion, souvenons-nous que la régulation de l’agressivité est un apprentissage progressif. Les morsures et griffures chez les jeunes enfants ne sont pas des signes de méchanceté, mais des étapes normales d’un développement complexe. Avec du temps, de la patience et les bons exemples, et avec l’apparition du langage votre enfant apprendra à mieux gérer ses émotions et à interagir de manière positive. Souvenez-vous que votre rôle de parent est avant tout d’accompagner, de guider, et de montrer l’exemple. Chaque petit progrès — un mot prononcé à la place d’un coup, une excuse sincère, ou une frustration gérée calmement — est une victoire sur ce chemin vers l’autonomie émotionnelle.

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Un contenu proposé par

Amélie Chalufour - Infirmière puéricultrice, accompagnement périnatal et parental 

07 63 26 74 30 

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