Comme toute émotion, la colère est une réaction physique, incontrôlable, difficile à maîtriser… même à l’âge adulte ! Alors, qu’en est-il pour le très jeune enfant ?
- Comment l’enfant vit-il l’émotion de colère ?
- La colère : l’expression d’un besoin
- Comment faire face et apaiser la colère de l’enfant ?
Comment l’enfant vit-il l’émotion de la colère ?
Une tempête émotionnelle
A cause de l'immaturité de son cerveau, la colère agit souvent chez l’enfant comme un véritable tsunami. Elle provoque des réactions incontrôlées - et incontrôlables - face auxquelles les adultes se trouvent souvent démunis. Il faut cependant avoir à l’esprit que l’enfant, non plus, ne comprend pas ce qui se passe en lui. A ce moment précis, il est dominé par des instincts très primitifs qu’il n’est en capacité de maîtriser.
Quand l’enfant parvient-il à gérer sa colère ?
Ce n’est qu’en grandissant, lorsque les connexions entre le cerveau archaïque (siège des besoins de base) et le cerveau limbique (ou cerveau émotionnel) seront arrivées à maturité (vers 4-5 ans) et que le langage lui permettra d’exprimer ses émotions par des mots, qu’il pourra comprendre et avoir une expression plus adaptée de ses émotions. A noter toutefois que le cortex cérébral qui permet de prendre du recul, d’analyser les situations, de raisonner, d’éprouver conscience de soi et empathie n’est mature qu’à 25-26 ans !
La colère : l’expression d’un besoin
La colère s’exprime le plus souvent quand :
- Un besoin de l’enfant n’est pas satisfait
- L’enfant est envahi d’une frustration intense
Les crises de colère de l’enfant peuvent avoir des causes multiples : la dépendance de l’enfant pour la satisfaction de ses besoins, des règles et des limites imposées, les douleurs physiques, le niveau sonore…
- Des exigences non ajustées à l’âge de l’enfant et à sa capacité de compréhension, ou des règles de la vie sociale non intégrées peuvent être sources de frustration.
- Les phrases négatives : le cerveau de l’enfant ne traite pas bien la négation. Dans la phrase « ne monte pas sur le canapé », il retiendra « monte » et « canapé » et ne comprendra donc pas la demande qui lui est faite !
- La surprotection ou le rejet sont aussi des sources non négligeables d’anxiété chez les enfants et des déclencheurs potentiels d’attitudes agressives et de colère.
La colère de l’enfant permet de délimiter son territoire, de savoir ce qui est bon pour lui et ce qui ne l’est pas. Il affirme ainsi son individualité et son identité propre.
Comment faire face et apaiser la colère de l’enfant ?
La bienveillance de l'adulte envers l’enfant est essentielle pour le faire grandir et l’accompagner durant ce moment de crise pour lui.
Porter de l’attention à son enfant
Le parent qui porte attention à ce qu’il se passe pour l’enfant, s’intéresse à ce qui a provoqué cette colère, l’aide à mettre des mots et l’apaise, permet petit à petit au cerveau de l’enfant de maturer. Il participe ainsi à la construction de connexions positives et plus efficaces entre le cerveau émotionnel et le cortex cérébral.
L’adulte doit être présent, attentif, parler à l’enfant calmement et attendre que l'enfant soit calmé pour faire appel à sa raison. S’il est possible de l’approcher, des gestes tendres et contenants pourront accélérer le retour au calme.
Extérioriser la colère
La colère étant une réaction du corps, il est nécessaire, pour évacuer la tension générée, de faire agir le corps : respirer profondément ou souffler sur des plumes, courir, bouger ses membres, crier, dessiner…
Une fois la colère apaisée, mettre des mots sur le ressenti de l’enfant, rappeler les interdits et lui proposer des pistes pour s’exprimer autrement, le guident vers des comportements plus adaptés. Le rassurer sur le fait qu’on lui fait confiance, qu’il va y arriver et que l’amour des parents est infaillible même lorsqu’il fait une colère, lui permet de construire une sécurité intérieure.
Accueillir l'émotion de colère et l'apaiser ne veut pas dire céder !
On peut entendre le besoin ou l’envie de l’enfant sans pour autant y accéder : il est légitime qu’il n’ait pas envie de se coucher dans certaines circonstances, on peut lui dire qu’on le comprend tout en l’accompagnant vers son lit… Il se sentira écouté même si le résultat n’est pas celui qu’il attend.
Et par-dessus tout, ne pas oublier que le mode d’apprentissage essentiel du tout jeune enfant est l’imitation. Comment alors l’amener à avoir des comportements adaptés lorsqu’il exprime sa colère si son parent, lui-même, s’adresse à lui sans contrôler le ton de sa voix, ses mots et ses gestes ?
Que retenir de la colère chez l’enfant ?
- L’émotion de colère peut être parfois difficile à vivre pour un enfant, et ne pas être comprise de lui-même.
- La colère s’exprime généralement lorsqu’un besoin n’est pas comblé, ou lors de frustrations intenses.
- L’émotion de colère est naturelle et essentielle dans la construction de l’individualité de l’enfant.
- L’accompagnement de l’adulte, en portant attention à l’enfant et en lui faisant extérioriser sa colère, est indispensable pour son développement.
- La communication positive de l’adulte avec l’enfant lors des crises de colère, permet de mieux amener l’enfant au calme, à la raison et ainsi à lui faire comprendre son émotion.